Environnement : les microalgues au secours de la planète

October 13, 2020

A l’échelle du vivant, ce sont parfois les plus petits qui jouent un rôle majeur sur l’équilibre planétaire. Les microalgues, microscopiques végétaux marins, sont parmi les premiers êtres à avoir favorisé la vie sur terre. Mieux, aujourd’hui elles sont devenues indispensables pour limiter les effets des pollutions contribuant à répondre au défi climatique. Explications

Premier maillon de la chaîne alimentaire aquatique, les microalgues sont présentes dans les mers, les lagunes et les eaux douces depuis des milliards d’années. On évalue le nombre d’espèces à l’état naturel entre 200 000 et plusieurs millions. Sans elles, la vie sur terre telle que nous la connaissons serait impossible.

Comment ? Grâce à leur fonctionnement physiologique et notamment la photosynthèse :

  • Les microalgues sont de puissants puits de carbone qui piègent le CO2 atmosphérique.  
  • Elles libèrent les 2/3 de l’oxygène qu’elles respirent, produisant ainsi la moitié de l’oxygène de notre atmosphère.  
  • Dans les océans et les mers, elles participent à l’absorption de 90 % de la chaleur additionnelle due aux gaz à effet de serre.
  • Elles synthétisent les premières molécules organiques indispensables à la vie à partir de lumière et de matières minérales (photosynthèse). Elles offrent ainsi une concentration impressionnante de composés actifs : protéines (jusqu’à 75 % du poids sec de certaines microalgues, soit deux fois plus que dans les graines de soja), acides aminés (de 5 à 20 %), glucides (jusqu’à 20 %), lipides, Omega-3, vitamines, oligo-éléments (cuivre, fer, zinc), sels minéraux.

Développées au cours du 20eme siècle, les techniques de production de microalgues se sont perfectionnées. On retrouve leur molécule d’intérêt dans l’alimentation, les produits bien-être, mais aussi en pharmaceutique, en cosmétique, en aquaculture et en alimentation animale. Leur usage à des fins énergétiques a commencé à être étudié à partir des années 80 avec les biocarburants, suite à la crise pétrolière de 1979.

Une emprise sur les pollutions

La nature de leurs métabolismes est un précieux atout dans le secteur de l’environnement et plus précisément celui de la dépollution. De nombreuses expérimentations viennent s’ajouter à des techniques déjà éprouvées, ouvrant davantage le champ d’actions des microalgues sur notre écosystème :

  • Traitements des eaux usées (lagunage). Les microalgues s’y nourrissent de nitrates, d’azote et de phosphore et autres oxydes purifiant ainsi le milieu.
  • Recyclage des fumées industrielles. Le dioxyde de carbone (CO2) et les oxydes d’azote (Nox) sont capturés par les microalgues, limitant l’émission de gaz à effet de serre.
  • Bio-filtres en zone urbaine. Pouvant absorber 66 % à 99 % des particules fines et jusqu’à 97 % des oxydes d’azote, les microalgues ont toute leur place dans les agglomérations. Des expérimentations sont menées pour les intégrer au paysage urbain sous formes notamment de biofaçades, de colonnes ou d’algobitume.

Les puits de carbone des océans en danger

Les microalgues font partie des solutions pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et limiter la hausse des températures en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle. Mais le réchauffement climatique entraîne celui des mers et des océans, perturbant la biodiversité marine et sa capacité à ingérer le CO2. Protéger les écosystèmes marins, tout comme encourager les innovations liées à la production contrôlée des microalgues sont plus que jamais indispensables. Les microalgues ont permis à l’homme de vivre sur terre. Le moment est venu de leur assurer, à leur tour, les bonnes conditions de développement. L’humanité y a tout à gagner.